C’est
au salon d’octobre 1950 que Citroën dévoile la version utilitaire de la 2 CV
(Type AU), mais cette nouvelle fourgonnette ne sera
commercialisée qu’en mars de l’année suivante. Elle présente alors quelques
petites modifications extérieures par rapport au prototype exposé au salon,
comme par exemple l’orifice de remplissage d’essence, initialement prévu sur la
face arrière du véhicule, qui se retrouve en définitive
sur le côté droit de la caisse. A
l’opposé, sur le côté gauche, c’est un compartiment spécialement aménagé
qui
reçoit la roue de secours et la manivelle. Elle va venir compléter la
série des véhicules industriels Citroën, se plaçant en entrée de gamme,
avec ses 250 kg de charge utile, devant les véhicules de la série H,
suivis eux même des 2 tonnes type 23 et enfin des 5 tonnes type 55
essence et diesel.
L'auto-journal, dans son numéro du Salon 1952, fait allusion, pour la mécanique, à la sous motorisation de la nouvelle fourgonnette, équipée en définitive du moteur de 375 cm3 de la Type A et non de celui de 425 cm3 présenté
au salon d'octobre 1950. Par ailleurs, avec du recul, le commentaire
"cette version de la commerciale de la 2 CV est relativement moins laide
que la berline" fait doucement sourire.
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Les deux types de jantes utilisées et les deux variantes du gris métallisé
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La
reproduction proposée par J.R.D. de la fourgonnette 51, sous la référence 111, est
très réaliste, et, si on la compare à celle de la berline, on s’aperçoit que,
contrairement à la logique habituelle, l’une n’est pas extrapolée sur la base
de l’autre. Il suffit de regarder attentivement la calandre et plus précisément
le losange et ses chevrons pour constater la différence de traitement. Sur la
berline l’ensemble manque de netteté alors que sur la fourgonnette son dessin,
plus étiré, en est beaucoup plus précis. Les ailes, et donc les phares, sont
positionnées légèrement plus bas sur l’utilitaire, les grilles de ventilation du
capot plus nombreuses et la base du pare brise plus conforme à la réalité. Le
profil des portières est aussi fort dissemblable… on est vraiment en présence
de deux modèles tellement distincts que
l’on pourrait se questionner sur l’attribution de leur paternité à un même maquettiste ?!

Son
châssis, en tôle, est identique en tous points à celui de la berline et
ne porte donc que la mention 2 CV Citroën. Riveté à la carrosserie par
bouterollage, il est d’abord embouti en creux puis en relief. Les roues,
en métal, sont d'abord convexes en acier tourné puis concaves
injectées en zamak, chaussées dans leur grande majorité de pneus blancs
(quelques montages de pneus noirs semblent avoir existé bien qu'à partir
de 1957 les catalogues stipulent que "les miniatures J.R.D. sont
équipées de pneus blancs"). Elle mesure 94 mm, l’échelle retenue est
donc le 1/40ème. La miniature est distribuée, dans un premier temps, en
boîtes revendeur de six unités puis, en fin de production, elle reçoit
un boîtage individuel de couleur rouge qui ne peut donc accueillir que
des exemplaires aux roues concaves.
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Les dernières 51 en gris clair (boîte rouge) et les nouvelles 61 en bleu moyen (boîte jaune). |
Sortie en 1954, comme
la 2 CV conduite intérieure et la 11 CV, elle présente des caractéristiques
d’évolution similaires aux deux autres modèles (châssis, roues, boîtage) et
reçoit, chronologiquement, les coloris suivants :
- gris foncé (AC 118
chez Citroën) ou gris métallisé – boîte
revendeur de six unités – roues convexes – châssis avec lettrage en creux (des différences de tons existent sur les deux gris)
- gris foncé ou gris métallisé – boîte revendeur
de six – roues concaves – châssis au lettrage en creux puis en relief
- gris clair
– boîte individuelle rouge et roues
concaves – châssis embouti. Il existe aussi de très rares exemplaires
reprenant les coloris jaune ou bleu des versions promotionnelles pour
Renfort-Nylon, Comap et Sudo
À partir de 1961, comme pour la
berline, J.R.D. actualise sa fourgonnette en l’équipant du nouveau capot à cinq
nervures. Le gris clair des dernières "51" laisse place à un unique bleu moyen,
les roues pouvant être chaussées aussi bien de pneus blanc que de pneus noirs.
La boîte, identique à la précédente, troque alors, contrairement à la conduite
intérieure, sa couleur rouge pour du jaune. Néanmoins, il est tout à fait logique de trouver des modèles "51" en boîte jaune, cette dernière ayant été finalement proposée dès la fin des années cinquante.

Parallèlement,
J.R.D. va avoir la bonne idée de décliner, sur la base des modèles «
civiles » 51 et 61, toute une série de décorations diverses pour ses
utilitaires (Norev ainsi que la marque Jurassienne Sésame en feront de
même avec leurs modèles respectifs, créant ainsi autant de variantes de 2
CV fourgonnettes à collectionner dont une version « secours routier »
chez Sésame). La première à paraître chez J.R.D. est la « Type Touring
Club de France ». La miniature qui sort à priori fin 55 début 56 aurait
dû, à la suite du Type H (réf 113) et du P 55 (réf 114) sortis tous deux
en 1955, porter la référence 115 (Référence qui ne sera donnée que bien
plus tard, en 1960, à la version militaire du P 55). Mais, en
définitive, elle hérite de la référence 117 (la DS 19, sortie en 56, se
voyant attribuer la référence 116). Sans toutefois connaître le premier type de jante, elle va connaître des
caractéristiques d’évolution similaires au modèle de base sorti en 1954 :
les deux châssis différents et,
pour les premiers modèles, une diffusion en boîte revendeur de six
pièces, suivie ensuite d’une belle boîte personnalisée. Le coloris,
comme précisé sur le petit catalogue de la marque, sera toujours blanc avec des variantes allant jusqu'au crème.
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Nos
deux fourgonnettes figurent en bonne place sur le petit catalogue 1956.
Détail amusant, l'illustration de la Touring-Club réf. 117 est en fait
celle de la réf. 302 (Jouets mécanique). Cette erreur ne sera jamais rectifiée sur les catalogues suivants... |

Le modèle
représente un type de petits utilitaires (don du célèbre Touring Club de France)
qui sillonnaient, à partir des années 50, les routes de France en portant
assistance aux automobilistes. Un article, issu de
l'écho de la Gendarmerie du 18 avril 1954, nous donne des précisions très
intéressantes sur la mise en place de ces premiers véhicules :

« Le samedi 3
avril 1954, sur le parvis Notre-Dame une brève cérémonie s'est déroulée en
présence de MM Martinand-Déplat, ministre de l'intérieur, Raylot, préfet de
police, Deffert, président du Touring-Club de France, et Eyrolles, président du
Comité national du secours routier français. De nombreuses personnalités de la
gendarmerie et de la police assistaient également à cette manifestation.

Trente-deux voitures du
secours routier, peintes aux couleurs de la gendarmerie, de la sûreté nationale
ou de la police parisienne, c'est-à-dire les unes peintes en bleu, les autres
en blanc ont été officiellement remises, par les soins du T.C.F., à leurs
utilisateurs.

Chaque voiture, qui
aura pour mission de patrouiller sur les grands itinéraires routiers à la
recherche des accidentés et de répondre aux appels téléphoniques réclamant du
secours, est équipée d'un brancard pliant, d'une trousse à outils, d'un petit
stock de pièces détachées courantes, une nourrice d'essence et d'eau, et de
dispositifs de signalisation provisoire ».

Au
travers des transferts apposés sur la miniature J.R.D. (blason de la
Gendarmerie - sigle du Touring Club de France – blason de la Préfecture
de Paris), et des informations données sur la boîte (fourgonnette T.C.F.
mais aussi mention du secours routier sur les languettes), nous
percevons bien cet assemblage, un peu hétéroclite, regroupant plusieurs
entités énumérées sur le compte rendu de la gendarmerie. Sur un autre
document il est question de quinze 2CV fourgonnettes, rattachées à la
brigade motocycliste parisienne (exactement comme les 4CV pies - voir
article C.I.J.), stationnées, là aussi, dans le garage de la rue
Chanoinesse derrière Notre Dame. Enfin, il existe une plaquette datant d’octobre 1954 (comment circuler dans Paris), diffusée
par le Comité national du secours routier français, dans laquelle nous apprenons que
ce dernier, fondé en 1953, avait pour mission de porter assistance et
dépannage aux automobilistes sur les routes Françaises, en collaboration
avec la Police de la circulation. Les sympathiques illustrations qui l'accompagnent sont dues au talent de PIEM, qui officiait à l'époque comme dessinateur de presse et que le grand public connaitra surtout pour sa participation, dans les années 1970, aux émissions télévisuelles du petit rapporteur puis de la lorgnette.


Par
la suite, à l’instar de la référence 111, la « Touring » adoptera le
nouveau capot des modèles 1961. Les décorations demeureront inchangées. Les pneus, et ce sur toute la gamme des autres fourgonnettes 61, pourront être noirs ou blancs. Cette version aura en revanche la particularité de conserver la boîte personnalisée, de couleur rouge, de sa
devancière, quand les autres versions, équipées du nouveau capot, adopteront la boîte générique de couleur jaune. Ces dernières, étant communes, ne se distingueront que par l'apposition d'une étiquette en papier sur les deux rabats.
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Et au passage, un petit clin d'œil à la C.I.J. qui aurait pu décliner
cette fourgonnette dans sa série de Dauphinoise... Il faudra attendre
l'arrivée de la 403 Peugeot réf 3/46 E |
À suivre les versions "Pompiers", "E.D.F", "Air France" et la version "Poste" chez C.I.J.
Un article rédigé par Vincent Pirot
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