Essai : Norev - Unic ZU 120T et Remorque France-Lait Micro-Miniatures

Saint-Martin-Belle-Roche commune de la Saône & Loire, à quelques kilomètres au nord de Mâcon, bordée par la Saône - et donc frontalière de l'Ain - traversée par la ligne ferroviaire allant de Paris à Lyon et par la nationale 6, est le lieu historique de l'implantation de la société France-Lait.

À la fermeture de la laiterie industrielle de Marbé, à Mâcon, en 1946, le syndicat se transforme en coopérative laitière : La Mâconnaise. Ses locaux sont inaugurés le 13 mai 1947 et sont implantés sur la Nationale 6, à deux pas de la gare de Senozan, sur la commune de  Saint-Martin-Belle-Roche. Parallèlement, est créée l’Union des coopératives agricoles, qui se donne pour objectif de récolter les excédents de lait et de les transformer en poudre et lait concentré. C’est dans ce but que l’Union construit sur le même terrain, l’usine France-Lait inaugurée le 9 juillet 1950.



Ce qui va donner l'occasion à France-Lait de se démarquer, c'est la création de lait en poudre permettant un petit déjeuner express, du lait pour nourrisson, et bien sûr, le fameux Régilait dont la première réclame audiovisuelle en 1968, met en scène le pétulant Max Montavon, l'un des pontes du "second rôle" du cinéma français des années soixante et soixante-dix. La deuxième salve datant du début des années quatre-vingt, se veut plus glamour mettant en scène une imagerie plus féminine, et au passage transforme le grand succès des frères La Bionda One for You, One for Me, hit Disco de l'année 1978, pour en faire la bande son.
 
Après une montée en puissance tout au long des Trente Glorieuses, période durant laquelle l'usine ne cessera de s'agrandir, la fin de celles ci, l’arrivée du lait en brique et l’instauration des quotas laitiers sonnent l’heure de la récession pour France-Lait.

Le site est toujours utilisé par cette société qui s'est dotée du suffixe "Laboratoire" afin de faire plus sérieux auprès des mères soucieuses de la qualité du Pernod de nouveau-né qu'elles comptent acquérir pour leur progéniture, et est partagé avec l'entreprise Eurosérum...

Vue encore assez ancienne tous les bâtiments ne sont pas encore construits
Notons, pour l'anecdote, que le Château d'eau jouxtant l'usine est bien antérieur puisqu'il apparait sur les photos aériennes de la fin des années trente, et devait sans doute permettre le remplissage des chaudières des machines à vapeur maraudant dans le coin. Ce n'est donc pas un vestige de la grandeur perdue de France-Lait comme on peut le lire parfois.

France-Lait comme toutes les entreprises dans les années soixante, distribua des primes : buvards, porte-clefs, des petits ramequins (à l'instar de Francorusse), toute une série de disques 45 tours flexibles, de couleur blanche bien entendu, envoyés par la poste sous pli discret, et comportant des réorchestrations de quelques succès "intemporels" ainsi que de variété du moment… Il convient d'avoir les oreilles bien accrochées. Vinrent ensuite les fameux blasons en plastique véritable, ceux des villes et ceux montrant des animaux trop mignons. Le truc publicitaire le plus rigolo proposé par cette société fut une série de Wakouwa (nommée Francelette pour l'occasion*), soit des animaux en plastique articulés montés sur socle à poussoir. Quand on appuyait sur le dessous du socle, le personnage se désarticulait**, puis reprenait sa forme initiale par la magie de fils élastiques passés dans ses membres, une fois le poussoir lâché.

Malheureusement France-Lait n'aura proposé ni camions ni petites autos dans ces primes, mais c'était sans compter sur la sagacité des Veron bros. qui ont su capter le potentiel de l'entreprise laitière. Depuis l'année 1957, Norev avait mis le paquet sur sa nouvelle série au 1/86ème avec de nombreuses sorties de voitures de tourisme, et en avril, celle du semi remorque Titan avec une magnifique reproduction du tracteur Unic ZU 120T dont le dessin serait dû aux crayons de Philippe Charbonneaux. 
 
Deux mois après seulement, le mythique transporteur d'autos avait été commercialisé dans sa version "garnie" en présentation sous écrin transparent, la version "vide" quant à elle sortant en janvier de l'année suivante mais en boîte carton. Le semi "Primagaz" et le Benne Marrel avaient déjà bien rempli cette nouvelle année, mais la sortie le 19 septembre 1958 du Semi remorque France-Lait allait définitivement enchanter les amateurs de petite échelle et autres ferrovipathes.

Comme nous  l'avons vu plus haut, le Micro Unic France-Lait sort après la Benne Marrel, ceci a pour incidence de priver ce premier de toute possibilité d'un tracteur de type 1. Les tracteurs France-Lait présentent donc toujours les stigmates du passage par la benne basculante.

Le tracteur, toujours de couleur bleue, voit sa cabine surmontée d'un panneau avec un petit papier imprimé France-Lait collé de chaque côté. La remorque quant à elle, est équipé de cinq tanks à lait ce qui est vraiment dans l'esprit de l'époque, même si des boules eussent été peut-être plus impressionnantes visuellement.

Au long de sa carrière ce modèle ne subira que très peu de changements, on peut noter quatre variantes principales en associant les boîtes, et un grand nombre de sous variantes dues à la couleur de la matière plastique employée pour injecter la cabine et parfois la remorque.

Les deux couleurs de jantes
Première variante : Cabine bleu avec de nombreuses nuances, les jantes sont gris moyen et la boîte écrin transparent à socle rigide de couleur rouge clair. Courant 1962 les socles indiquent la nouvelle référence : 522

Remorque avec référence 522
Deuxième variante : Les jantes deviennent gris clair et le socle de la boîte est dorénavant en carton imprimé jaune et noir, la référence 522 est maintenant indiquée sous la remorque

Troisième variante : Le tracteur perd son panneau France-Lait, Attention à ne pas se faire refourguer un tracteur bleu provenant d'un autre attelage, les jantes doivent être gris clair, et la roue de secours bien "collée" à l'arrière de la cabine.

Quatrième variante : Plus rare et intéressante : L'ultime version de l'aube des années soixante-dix, la remorque devient de la même couleur que celle du tracteur, et le marquage France-Lait à l'arrière de la remorque est moulé et surligné à l'argenture et non plus rapporté grâce à un papier collé. Par soucis d'économie, les feux triangulaires, la plaque minéralogique et les autres inscriptions sont peintes en même temps. Exit donc la couleur rouge. Bien que n'ayant plus le panneau à l'arrière de la cabine du  tracteur, il s'agit peut-être là de la plus belle variante de ce merveilleux jouet.

Enfin ce sujet ne saurait être complet sans mentionner la version espagnole du Micro Unic France-Lait. elle est issue des accords entre les firmes Norev et Anguplas au début des années soixante. Difficile de nos jours de savoir qui fit le premier pas, mais on peut supposer qu'en retour des droits d'importation exclusifs pour l'Espagne, des modèles au 1/43ème des miniatures de Norev, cette dernière firme apporta la possibilité de grossir le catalogue 1/86ème de la gamme Mini-Cars pourtant déjà opulent. Notre bon vieux Unic France-Lait devient donc "Transporte Lechero". Le tracteur est issue de la version légèrement modifiée pour le cimentier "Toupie" sorti quelque temps avant. La remorque quant à elle provient du moule français, ne comporte pas encore la référence 522 et est fabriquée "sous licence Norev". 
 
La référence du jouet  est amusante : "NI", en effet le Transporte Lechero est issu de la gamme des Norev espagnoles qui utilise une numérotation alphabétique commençant par la lettre N, pour Norev, suivie de A, B, C etc. Le modèle qui nous intéresse est donc le neuvième de la série.
La boîte est superbe avec une illustration très sympathique quoique bien en dessous des merveilleux travaux de Raymond Léonard pour Norev, le marquage sur le panneau de la cabine est (pour moi) incompréhensible, difficile de savoir si le dessinateur a réellement voulu inscrire quelque chose de lisible. Néanmoins attention, on est tenté de lire "olio" qui veut dire huile... En italien et non en espagnol, langue dans laquelle on dira plutôt aceite.

Un article rédigé par Erwan Pirot
Sources : 
 
- Si vous êtes amateurs de véhicules anciens vous savez ce qu'est un Unic "Izoard", mais en voir un "vrai" est un moment enthousiasmant, photos prises à la Locomotion en fête... Malheureusement le blog de Robert en lien en bas de page n'existe plus : Unic ZU120T
 
- À la fois hors sujet et "dedans", une page dédiée à l'arrivée du lait dans les écoles françaises sous la Quatrième à l'époque de Pierre Mendès-France. Outre que j'apprécie le ton de ce blog, la légende sous la première photo m'a "fait" une journée entière et je rigole encore quand j'y pense ! : Pierrot la Lactance

* Vous noterez la qualité intrinsèque du jeu de mot, exemple parfait d'humour glacé et sophistiqué ! Pour tout savoir sur les Wakouwa c'est ici : Wakouwa
 
** Je me rends compte que j'ai manqué plein d'occasions de faire des jeux de mots avec lait dans cet articulet, je me rattraperai la prochaine fois !









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