Un jouet dans la ville : Norev Saviem SG4 promotionnel Brivin

Période de guerre voire peu de temps après la libération comme
en atteste la peinture  blanche sur les garde-boue arrières,  et les
tenues de ces dames faisant une pause sur la route de la Rochelle
Brivin était une société de transport de fret avant tout, néanmoins, aujourd'hui c'est surtout grâce à sa partie transport public, que le nom de cette entreprise est parvenu jusqu'à notre époque. Landry Brivin (Saint Landry fut évêque de Paris, y créa l'Hôtel Dieu au VIIe siècle et au passage, vendit ses meubles au profit des pauvres de son évêché, ou de sa paroisse si il n'était pas encore évêque à ce moment là, lors d'une famine*), créé sa société éponyme en 1921 à Niort, ville qui l'a vu naître en 1887. Dès 1924, le succès aidant, l'entreprise déménage pour des locaux plus vastes situés au 222 avenue de Paris, anciennement le parc à fourrage du régiment de Hussards de la caserne Duguesclin.**

Avec l'arrivée de véhicules à la fois plus puissants et plus confortables, les services d'autocars vont sonner le glas des petites lignes ferroviaires dans l'entre deux guerres, c'est justement à cette époque, que Landry Brivin lance sa compagnie de "transports de voyageurs et de messageries par autobus", rapidement surnommées "cars verts" pour une raison que les photos en noir et blanc n'expliquent pas.*** Nous sommes en 1936 et les Autocars Brivin sillonnent rapidement tout le département des Deux-Sèvres, n'hésitant pas a créer des incidents de frontière avec les départements voisins, l'époque étant par ailleurs et malheureusement celle des incidents susnommés.

Latil autocar V3AB3 Brivin Niort carrosserie Currus 1935 (1)
En 1944 une partie du matériel roulant a été réquisitionné par l'armée occupante désireuse d'un retour aussi rapide que confortable vers l'est, et l'Histoire raconte que l'entreprise Brivin s'est portée acquéreuse de surplus américains après la libération. Ces camions provenant de l'armée américaine auraient servi pour le transport urbain... C'est possible, mais ils auront certainement terminé leur vie dans le fret routier, ces camions américains ont certainement été usés jusqu'au bout, passant vers de plus petites entreprises puis vers particuliers au fil des arrivées de modèles hexagonaux plus modernes. Quoiqu''il en soit, en 1940 les autobus Brivin subissent une première transformation pour la marche au charbon de bois, puis une deuxième en 1942 après l'achat de coupes à Chizé et à Foye-Montjault en 1941. En 1945 l'opération inverse est effectuée et le matériel peut à nouveau marcher au gasoil.

Réclame de 1950 pour les autobus Brivin
En 1952 le transport de marchandise est officiellement lancé et va rapidement prendre le pas sur celui des
Ave Latil, qui te gubernatori, te salutant !!!
Difficile de savoir, car tout a changé, mais
nous sommes certainement au 6bis de la rue
Émile Cholois à Niort (aujourd'hui numéro 8)
voyageurs? Durant les années cinquante et soixante cette branche va croître de manière exponentielle avec des ouvertures d'agences dans la plupart des grandes villes de France, jusqu'à arriver à un maillage quasiment complet avec des sorties de territoire en 1970.

Si Landry Brivin s'était lancé dans le transport par autocars en 1936, c'est en s'associant avec la mairie de Niort en 1965 que Brivin se lance dans le projet d'autobus niortais, les bus circulent toujours depuis le début de l'année 1966, en suivant plus ou moins les tracés d'origines des lignes.
Un petit documentaire est visible sur le site de l'INA, on y voit quelques beaux bus, des vues extérieures de la ville avec de jolies autos, ainsi que MM le maire et Brivin parler de leur projet avec un ton fleurant bon la naissance au siècle d'avant. Notons au passage le couplet sur l'immense avancée du confort quotidien de la ménagère au service de son patron mari : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rxf05008704/les-autobus-de-niort

En 1946, la gare routière  Brivin avait déménagé  rue Viala, en face de l’église
Saint-Hilaire,on peut voir à gauche un autocar Renault et à droite un Chausson (4)
En 1967 Landry Brivin décède, ce qui n'empêche pas sa société de prospérer tout au long des années soixante-dix. C'est dans cette décennie que les entreprises Brivin et Mory se rapprochent afin d'apporter un service plus large à leurs clientèle, et c'est finalement en 1978 que la première et rattachée à la seconde. Quant aux autobus chers aux créateur de cette entreprise, Mory ayant d'autres chats à fouetter, ils sont finalement rachetés par la ville de Niort en 1980, qui en garantira l'exploitation jusqu'en 1990, année ou le réseau prendra le nom de TAN (transport de l'agglomération Niortaise), qu'il conserve depuis.

Coup de pompe, petite halte, un gorgeon et on repart (2)
Comme beaucoup d'autres entreprises, Brivin a proposé de nombreux cadeaux "d'entreprise". Outre les inévitables mais néanmoins sympathiques porte-clefs et autres cendriers créés à l'occasion du jubilé de la maison en 1971, on trouve aussi une mini trousse à outils avec tournevis multi embouts, une petite clef à molette et une petit marteau, un amusant sac en toile de jute à faire pâlir d'envie les amateurs de tote bag actuels, et enfin ce pourquoi je vous ai fait lanterner jusqu'ici : Le fameux SG4 Fourgon Brivin !
 
L'extraordinaire Stradair au dessin si particulier (3)
Il s'agit d'un "code 1" donc fabriqué et conditionné entièrement par Norev. Il partage la boîte du fourgon référence 132 série F que l'on retrouve habituellement avec le marquage "Déménagements Norev" sur les côtés, et est fini en vert pour la cabine, coloris Brivin historique oblige. Le fourgon quant à lui, est entièrement blanc ce qui est unique dans la production du Saviem Norev, aucun modèle commercialisé n'ayant de fourgon unicolore. Le marquage Brivin apposé sur les côtés est très fragile, il est imprimé sur une bande adhésive qui vieilli assez mal et présente la fâcheuse tendance à fortement "marquer" quand le jouet a été tripoté avec des mains sales. De plus cette bande en question jaunit avec le temps, bref le Brivin en état neuf n'est vraiment pas facile à trouver.

L'exemplaire présenté ici provient du petit-fils de Jean Lamoureux, directeur de l'antenne bordelaise de la société située exactement à Bègles. Monsieur Lamoureux a pris sa retraite en 1981, mais a tout de même eu le temps de donner le goût du transport routier à son petit-fils, qui se souvient avoir "donné ses premiers coups de volant de camion" sur les genoux de son grand-père. Il est devenu lui aussi dirigeant d'une entreprise de transports logistiques et garde avec ferveur les artefacts anciennement conservés par son aïeul.



L'ensemble est strictement neuf et je n'ai pas osé "ouvrir" la boîte encore scellée d'origine par trois morceaux de ruban adhésif sur quatre. Ceci prouve que ce beau "Code 1" était offert "en boîte", celle du fourgon classique de chez Norev...
 
Un article rédigé par Erwan Pirot

* Bon sang il faut vraiment que j'arrête avec ces parenthèses plus longues que mes phrases !
** Là je ne l'ai pas mis entre parenthèses mais on peut faire comme si
*** Allez celle là était gratuite !

Historique de la Société Mory sur l'extraordinaire site Mon père Routier : http://monpere-routier.e-monsite.com/
Niort historique du transport urbain : http://www.wiki-niort.fr/Transport_urbain_%C3%A0_Niort_(Historique)
Transports en commun de Niort : https://fr.wikipedia.org/wiki/Transports_en_commun_de_Niort

Crédits Photos :
(1) : Fondation de l'Automobile Marius Berliet https://www.fondationberliet.org/
(2) : Mon père Routier http://monpere-routier.e-monsite.com/#page1
(3) : Алекс / Wheelsage https://fr.wheelsage.org/
(4) : Niort historique du transport urbain http://www.wiki-niort.fr/Transport_urbain_%C3%A0_Niort_(Historique)
Le reste documentation personnelle
 
Bibliographie :
Transports Brivin 1921 - 1971, plaquette éditée à l'occasion du cinquantenaire de la maison

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