Essai : Dinky Toys - Simca 9 Aronde

Septembre 1956, dernière illustration de l'Aronde 51
La C.I.J. et les J.R.D. respectueusement fort occupés par la conception de miniatures Renault et Citroën, n'ont, semble-t-il pas vu arriver la vague Simca en ce début des années cinquante. Seule "petite" marque de miniatures automobiles en métal à s'y intéresser, Quiralu (une très grande marque par ailleurs), a proposé au milieu de cette décennie une vision autant malhabile que charmante de la Simca "Vedette 1955" sous ses trois déclinaisons de lancement : Versailles, Trianon et Régence. Quiralu sera d'ailleurs la seule marque à proposer la Régence à l'époque. Mais à part, dans un dernier soubresaut, une Marly de première génération très bien exécutée, ce sont là les seuls hommages rendus par cette marque aux belles de Nanterre et  Poissy.
 
Première apparition de l'Aronde au catalogue 1953
En revanche du côté de la vallée du plastique et du département du Rhône, l'offre est plus large. Cette matière ne s'étant pas encore développée au moment de la signature du contrat d'exclusivité Renault - CIJ, ni de celui non exclusif mais aux liens très forts entre Citroën et JRD, les fabricants de ce qui n'était encore considéré que comme des jouets de bazar, sont libres de présenter des modèles de toutes les marques acceptant de leur donner l'autorisation de reproduction de leurs automobiles. Ainsi chez Clé, Minialuxe, BS et Norev pour ne citer que ces fabricants, il n y a pas d'impératif. Et ces marques vont essayer avec plus ou moins de succès, de proposer des modèles de tous les constructeurs français puis pour certaines, étrangers.

En ce début des années cinquante, "libéré" de la possibilité de reproduire des automobiles Renault, et ayant rapidement fait le tour des Citroën et Peugeot contemporaines, Dinky Toys va très vite se tourner vers Simca. Avec beaucoup d'intelligence, et sentant certainement que la Simca 8 1200 s'essouffle stylistiquement, c'est la Simca 8 Sport qui est choisie, donnant au passage une petite leçon de savoir faire à la maison mère quant au traitement du pare-brise : l'Austin Atlantic reprendra cette petite innovation.
La Simca 8 Sports sera un des fleurons de la série 24 et participera amplement à la création de la mythologie Dinky Toys dans l'hexagone. Mais très rapidement (une seule référence sépare les deux première Simca Dinky Toys), Meccano va proposer sa Simca 9 Aronde sous la référence 24U.
 
Le succès de ce nouveau modèle va être immédiat, et malgré les dires de quelques grincheux, ses lignes sont globalement très réussies et pour ne rien gâcher, le jouet est le premier de la gamme Dinky Toys a être livré en boîte individuelle !
 

 
La facture d'achat de la première voiture de mon grand-père maternel (dont le beau-père était
directeur commercial chez Simca), avant qu'il ne succombe aux charmes des Déesses de Javel
Les mômes ont dû se les arracher. Ces petites Arondes Dinky Toys sont absolument craquantes, le côté "haut sur pattes" du millésime 1951 est totalement gommé par la réduction en jouet, et si la garde au sol sera revue à la baisse sur la version 1954, il ne sera pas besoin de la répercuter sur le jouet !
 
La Simca 9 Aronde devient reès vite donc un phénomène de société, et son succès immense. Henri T. Pigozzi avec sa vision "américaine",va rapidement lancer des opérations de lifting stylistique de sa jolie "populaire". Ceci va mettre Meccano dans l'embarras montrant les limites de la conception des Dinky Toys de cette époque. Contrairement à Norev, la carrosserie est moulée d'un seul bloc, incluant les pare-choc, calandre, feux avant et arrière et les éventuels enjoliveurs.
Cette "lourdeur" dans le processus va s'avérer problématique pour les modifications de la référence 24U, et il ne sera pas envisagé de changer la face avant de l'Aronde pour l'année modèle 1954. Le coût inhérent à la transformation de l'outillage aurait été obligatoirement prohibitif pour une entreprise essayant de travailler à marche forcée dans une époque où la création d'un moule prenais jusqu'à six mois de travail, tout en étant chapeautée par une maison mère à l'avarice bien connue.
 
Exemplaire tardif équipé d'origine de pneus nervurés !
Première illustration de l'Élysée Avril 1957
Cependant comme l'Aronde repart en 1957 pour une nouvelle saison avec une refonte encore plus importante de sa silhouette, Meccano va essayer de sauver les meubles avec une Aronde Élysée qui au final ne saurait réellement convaincre que les aficionados de la production balbynienne et autres collectionneurs de mauvaise foi ne jurant que par les "autos en fer".
Mais ne nous trompons pas, si cette dernière mouture de l'Aronde Dinky Toys est ratée sur le plan du réalisme, elle est en même temps une réussite totale du point de vue du jouet. Cette version et même, à l'instar de la Studebaker Commander 24Y (qui combine l'avant et l'arrière de deux années modèles différentes), peut être encore plus belle que dans la réalité. Et enfin, cerise sur le gâteau, Meccano nous a gratifié de très joyeuses versions bicolores.
 
Première réclame parue dans la revue spécialisée "L'Officiel du Jouet Français" en novembre 1953

 
Deux variantes du vert en "toit lisse"...
Première variante :

....Et deux en gris
Assez simple à reconnaître, elle est finie en gris rosé ou en vert mousse (appelée par erreur vert olive depuis tant d'années que la dénomination est restée), et l'intérieur de son pavillon est lisse. Les jantes sont toujours peinte de la couleur de la carrosserie mais peuvent parfois montrer de légères différences de teinte avec cette dernière. Comme dit plus haut l'Aronde est le premier modèle "tourisme" Dinky Toys à être livré en étui individuel, et inaugure une longue série de boîtes jaunes reconnaissables de loin et souvent copiées par la concurrence. Cette boîte est de type 1 et on peut lire sur les rabats et deux faces, non pas "Dinky Toys" mais "Miniatures Dinky Toys", dénominations d'avant guerre, déjà bien datée en 1953 qui sera donc appelée à disparaître rapidement. Fugitivement, les exemplaires de cette variante seront livrés en boîtes de type 2. La rareté de ce dernier type de boîte semblerait indiquer que même les spécimens de la version suivante ne les ont jamais connus. Cette deuxième variante de la boîte diffère de la première par l'ablation du mot "Miniatures", et de la suivante par l'absence des mentions : "Made in France" et "Imprimé en France". Enfin il n'est pas interdit de penser que les derniers exemplaires de la première variante de l'Aronde aient été commercialisés dans des boîtes de type 3.

Comme toujours pour les jouets de cette époque, la couleur change légèrement selon le jour de la mise en peinture, la qualité du vernis, le fabricant de la peinture, l'épaisseur de la couche, la dilution etc. La première version n'échappe donc pas à la règle, et l'on trouve au moins deux variantes de chaque coloris assez tranchées et certainement quelques variations mineures.




Deuxième acte :

On prend les même et on recommence ou presque. En fait les coloris sont assez différents, bien qu'il s'agisse toujours de vert et de gris, le gris justement perd sa nuance rosé au profit d'un gris moyen qui va petit à petit partir vert le gris-vert, nuance que l'on va retrouver plus communément sur la variante suivante. Au final il existe quatre nuances bien tranchées de gris sur cette deuxième variante.
 
Quant au vert, il est lui aussi très différent, avec deux nuances bien marquées, toutes deux très lumineuse avec une finition de peinture plus brillante que satinée

À priori tous les exemplaires de cette deuxième variante furent livrée en boîte type 3

Troisième round : 

Contrairement à la Ford Vedette 54 qui s'est définitivement vue remaniée en Taxi, l'Aronde Élysée sera proposée conjointement sous les deux espèces, et quelle soit en Taxi ou en version civile, le renfort de fixation du panonceau Taxi sur le pavillon est toujours présent. Au catalogue Dinky Toys de septembre 1956, la version Taxi 24UT bénéficie d'une belle illustration montrant en couleurs, une Élysée Rouge au pavillon bleu. En revanche, le dessin de la version civile représente une curieuse Aronde 51 équipée de jantes nickelées... Délire de l'artiste, modèle de fin de série spécialement équipé en vue de l'illustration.... Il est assez curieux d'avoir représenté un modèle voué à l'abandon, Peut-être le stock était-il important à ce moment là ? Ou que Meccano aurait décidé de lancer la version taxi en premier, ceci pourrait expliquer la présence systématique du renfort à l'intérieur du pavillon.

La gamme des couleurs s'enrichit d'un bleu clair dont il existe trois nuances principales, avec une option bicolore peu fréquente pour le bleu le plus clair.
Le gris est encore présent, plus clair que sur la version 51, ou encore gris vert comme indiqué plus haut. Encore une fois on trouve une version bicolore, ces deux nuances de gris pouvant se trouver avec un pavillon peint en vert épinard ou en vert sapin, avec comme toujours de petites variations dans les verts comme dans les gris...
Enfin on trouve l'Élysée en bleu moyen avec pavillon crème et encore une fois il existe deux nuances différentes avec encore une fois de légères déclinaisons de teinte.

On peut noter que Meccano semble avoir intégré l'idée des modèles bicolores très rapidement, les versions bicolores étant, à quelques nuances près, plus courantes que les unicolores. Était-ce une mise à profit du pochoir prévu pour la version taxi, ou une injonction de la maison mère à Liverpool qui avait elle aussi trouvé quelques temps avant, ce subterfuge pour refourguer des modèles en fin de vie commerciale aux moujingues ? difficile à dire presque soixante-dix ans après, il est néanmoins certain que ces chatoyantes Simca bicolores se sont bien vendues, car on peut penser à fortiori que c'est moins la mévente du modèle que la sortie imminente de la Simca P60 qui à provoqué la fin de production de ce si joli modèle.

Les sous variantes de l'Élysée sont : châssis marbré (comme depuis le début de production en 1953) pour les modèles unicolores, puis tardivement, en 1959 : châssis peint en noir brillant, et  pour les ultimes exemplaires diffusés, un petit renfort sur la plaque minéralogique à l'avant du véhicule.
 






Un article rédigé par Erwan Pirot

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