Chronique : Cadum Pax - Une histoire de Protergent !


Cadum, dont l'origine du nom vient de l'huile de cade, utilisée au début du XXe siècle pour soigner l'eczéma, est une entreprise d'origine Américaine, dont la matière première fut à ses début sourcée en France.

Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, cette marque, devenue célèbre par son savon produit à Courbevoie, va diversifier sa gamme entre, son savon CADUM, son produit d'entretien PEC (Produits d'Entretien Cadum qui deviendra PAIC) et sa lessive PAX à base de "Protergent".

Qui aurait pu résister à l'appel d'une belle Simca ?

Et c'est à la fin des années 50, à l'aube de la grande mode des articles primes, que CADUM PAX va offrir dans ses paquets de lessive une collection de petites autos en plastique, dont la promotion est principalement faite dans les journaux pour enfants.

L'aventure des primes commence avec Mokarex qui innovera au début des années 50 avec des soldats offerts avec ses paquets de café. Puis, en 1958, les autos en prime font leur apparition avec les lessives TIDE, BONUS puis BONUX pour PROCTER & GAMBLE, mais aussi ECF pour la lessive CRIO avec sa magnifique série de six miniatures au 1/43eme, directement dérivée des 6 célèbres autos Jouef  !  Les produits d'entretiens ROLLS lanceront aussi leurs autos primes, avec cette sympathique série d'une dizaine d'autos, représentative du parc français de l'époque.

Trois ans de production !
 
Bien qu'assez courantes, les petites autos Cadum Pax n'ont a priori été produites que durant les années 1958, 1959 et 1960. Ceci démontre une production très importante, il est question de 360 paquets de lessive garnis d'une petite auto à la minute ! Les presses à injecter ont dû travailler à temps plein.

La première phase de la collection, est facilement datable en 1958, par la présence parmi les 8 modèles de la récente Vedette Chambord présentée en 57 par Simca et diffusée chez les réducteurs dès 1958. La seconde période, est datée de 1959 par une première  série de bandes dessinées de Guy Mouminoux mettant en scène le jeune Jacko, et dont la mission est de faire la promotion des collections en détaillant les modèles voire en en mettant certains en scène.
Enfin, la troisième et dernière de l'année 1960, est, elle aussi largement mise en valeur dans les pages des journaux Tintin, Pilote, Bayard et Cœurs Vaillants où Guy Mouminoux animait les aventures de Blason d'Argent.
 
Ces 3 séries ne sont a priori jamais contemporaines, bien que l'on ait évidemment des croisements aux changements de collection. Le système de stockage dans des échoppes à moindre débit faisant que l'on ait pu trouver des boîtes de lessives de l'année précédente quand la semaine suivante on y trouvait les nouveaux paquets,  mais logiquement pas de cohabitation. des séries. La description sur les paquets est d'ailleurs sans équivoque.
 
1958 : Une première série pleine de charme
 
A l’instar de la superbe série de 6 autos, produite par Jouef pour ses décors, et surtout charger son mythique porte-autos STVA, à partir de 1958, la série PAX offre un panel très représentatif du paysage automobile français de cette année. On y retrouve les incontournables, 2CV, Aronde Élysée, 403, Dyna, DS, Frégate, Dauphine et Simca Chambord. Une Traction et une 4CV auraient complété idéalement cette belle série, mais ces dernières auraient peut-être été jugées obsolète pour des enfants qui à l'époque avaient tendance à suivre de très près l'actualité automobile.
 
 
 
 
Le noir est certainement la couleur qui sied le mieux aux AutoPax
La conception,
 
On y retrouve une composition similaire à celle que l'on retrouve sur les automobiles Jouef, à savoir : un châssis plastique de couleur gris acier proche de la fameuse couleur "Alumite" de la Mercedes "Karl Kling" de Norev, afin de rendre les pare-chocs plus réaliste. Des roues pleines mais monochrome noires pour les autos en couleur, et grises pour les versions noires. Et enfin, une carrosserie moulée d'un seul bloc et sans ajourage des vitres ( contrairement aux modèles proposés par Jouef ).
 
Le dessin,
 
Personnellement, je le trouve très réussi. Peu de détail, mais un respect des formes et des proportions. Il est à noter que le traitement latéral est bien plus soigné que celui des faces avant et arrière, et ce, pour l’ensemble de la collection.
 
A noter une grande fragilité des pare chocs sur 4 modèles (Frégate, Chambord, 403 et Dauphine), ainsi qu'une tendance des roues à se fendre, ce dernier défaut est certainement dû à l'insertion en force de l'axe dans les roues, en revanche il n'est pas possible de savoir si les roues étaient déjà fendues à l'époque, ou si elle se sont abîmées avec le temps suite à cette fragilisation.
 
Les couleurs
 
Sur les premières boites, on annonce 6 couleurs. On en dénombrera en tout 15 sur cette première série, avec des couleurs de fin de production, que l’on retrouvera sur la série 2 : l'orange, le beige, le bleu moyen, le vert sapin. L'orange est une des teintes les plus difficiles à dénicher sur la série 1 alors qu’elle est assez courante sur la série 2.
Néanmoins il fort probable que s'agissant de petites autos "primes" les industriels ne firent pas très attention à la concordance des coloris, et que les variantes trouvées par les collectionneurs de nos jours, n'étaient pas considérées en tant que tel à l'époque
 
L’échelle
 
Très étrangement, le choix ne s’est pas porté sur du 1/86eme qui aurait permis à nos PAX58 de cohabiter parfaitement avec les "Micro-miniatures" de Norev et les autos Jouef. Les PAX58 sont au 1/90eme. Ceci ne les empêchera pas de décorer une grande partie des réseaux de trains électriques des années 60/70.
 
 
1959 : Vers une internationalisation avec la deuxième série
 
Ambiance, on prend les mêmes et on recommence. La série PAX59 va reprendre les 8 modèles en les agrandissant au 1/70eme et en ajourant les vitres. Seule l’Élysée bascule en P60. La série PAX59 se voit enrichie de 4 petits break au 1/92eme, ainsi que de quatre invitées « européennes » dont le choix est pour certaines, disons, discutable !
 
Les modèles

On y retrouve, cette fois ci au 1/70eme les 2CV, 403, Dyna, DS, Frégate, Dauphine. La Simca Chambord est renommée Beaulieu (mais uniquement sur le châssis et non sur les publicités), et une P60 (particulièrement ratée) est proposée en remplacement de la petite Élysée. Cette série au 1/70eme est complétée par une DKW, une Sunbeam Rapier, une Alfa Romeo Giulietta et une Fiat 1200 d’une tristesse abyssale qui ferait passer la fameuse Dinky du même nom pour une "Masterpiece", (c’est peu dire).
 
 
Les quatre breaks présentés ici avec les berlines du même modèle

Les breaks de la série 2 avec les berlines de la série 1

Quatre breaks minuscules : Peugeot 403, Renault Domaine, Simca Marly et une espèce de break Citroën ID19 presque aussi ratée que le break ID de la marque EKO / Anguplas qui détient toujours le record mondial de laideur (!). L'avantage de ces quatre modèles et qu'il est possible de les incorporer à un réseau de train HO avec leurs consœurs de la première série comme illustré ci-contre.
 
La conception

Identique à la série 58 mais avec des vitres ajourées pour l’ensemble de la collection.

Les couleurs
 
La réclame annonce 132 variantes pour les 12 automobiles françaises, il est fort probable que les modèles européens subirent le même sort.
 
L’échelle
 
Improbable choix que cette espèce de 1/70eme, qui ne correspond à rien. Surtout surprenant avec ces 4 micro-breaks. Il n’y a en 1959 pas de correspondance entre le modèle et le type de paquet de lessive comme cela se fera en 1960.
 
 
La boîte
 
Car il y a une boîte pour ces modèles, à l'époque le sachet plastique n'est pas encore généralisé et les modèles de la série 2 sont livrés dans une petite boîte en carton dont l'un des rabats est gaufré "Pax". Ces petites boîtes sont bien évidemment très fragiles, le carton n'est pas d'une grande qualité puisqu'il s'agit d'un produit jetable, et de petites fentes sur les rabats à la manière des boîtes de la Série 100 de chez Solido, font que les fermoirs sont toujours déchirés.

 
 
 
1960 : Apothéose finale de la troisième série
 
La collection s’internationalise pour ne laisser qu’une maigre place à la production Française, dont les seules reproductions sont, pour les paquets "Normaux" : une Floride et une Océane ( ces deux modèles sont rejoints par une Austin-Healey 3000 et une Triumph TR3 ). Et pour les paquets familiaux : une Facel Vega et une Renault Étoile Filante ( dont le record date de 1956 ).
 
Les autres modèles que l'on retrouve dans les paquets "Familiaux" sont :
Porsche 356 1500
Maserati 200 SI
Mercedes 190 SL et 300 SL
Plymouth Fury
Plymouth Station Wagon
Chrysler Saratoga
Alfa Roméo 1900 Super Sprint
Jaguar 2.4l MK1
Jaguar type D
 
Avec pour cette ultime collection, une distribution des plus surprenante, puisque l’on va trouver de nos jours énormément de Maserati, Porsche et Jaguar D et le reste de la série est quasiment introuvable.
 
La conception 
 
Identique à la série 59 mais avec des vitres ajourées et des glaces transparentes pour l’ensemble de la collection. Chaque modèle a droit à un élément vitré.
 
 
Les couleurs 
 
11 couleurs sont annoncées pour la série des paquets "Familiaux", dans la même page de réclame, Jacko annonce qu'il y a 562 Autos Pax à collectionner, or même en additionnant les trois séries on semble être loin de ce nombre qui parait pour le moins important.


L’échelle,
 
Les quatre autos des paquets au format normal sont au 1/85eme et celles pour les paquets dits "Familiaux" sont au 1/65eme.

Un article rédigé par Frédéric Blanchard

Ps.: Guy Mouminoux est surtout connu pour sa série de Bandes dessinées "Le Goulag" dans les années 70, mais a été très actif dans les années 50 et 60. On lui doit notamment le dessin des automobiles dans le cycle des trois albums de Jijé : "Le retour de Valhardi"... Dyna Junior, Ferrari 250GT, Austin-Healey (d'après nature, celle du fils de Jijé, Benoit Gillain créateur du personnage de Bonux Boy), Triumph TR3 etc...

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