Chronique : Les toutes premières Minialuxe 1954 / 1955

La physionomie des voitures Minialuxe va évoluer dès 1954 avec l’arrivée d’un nouveau type de roues que l’on peut qualifier de type 2. Elles sont bombées, de couleur beige et chaussées de gros pneus crantés à gorge. Ces derniers sont blancs dans la majorité des cas, mais on en trouve aussi, moins fréquemment, en noir ou en gris. Par ailleurs, plus rarement, les jantes peuvent être recouvertes d’un véritable enjoliveur en métal… Une finition luxe avant l’heure ?  Ces roues, à l'instar des premières, sont toujours emboîtées sur un axe en acier.
 
La gamme, elle, reste la même, à l’exception de la 203 fourgonnette Utilitaire qui évolue en 203 commerciale (à noter que les dernières 203 U seront équipées de ces nouvelles roues). Ce modèle, comme la version utilitaire, restera inédit en jouet à échelle du 1/43ème.
 
Citroën 15 six et la nouvelle Peugeot 203 commerciale équipées des rares roues à enjoliveurs  en métal
Les miniatures sorties en 1954 conservent, dans un premier temps, les couleurs vives de l’année précédente (rouge, jaune, vert, orange…), mais très vite le nuancier devient plus réaliste avec, entre autres, du gris, du bordeaux, du noir, du bleu marine, ou l’introduction du vert bouteille et du beige.
 
Renault Frégate, dans le nouveau coloris vert bouteille (aussi utilisé sur la Vedette)
À première vue, les couleurs semblent, comme en 54, attribuées de façon aléatoire à l’ensemble des modèles, mais en fait, quand on y regarde avec attention, une répartition par modèles se met en place :
 
  • Le noir pour les 203 et les Traction (et plus rarement sur la Grégoire)
  • Le gris et le gris bleu idem
  • Le vert bouteille pour la Frégate et la Vedette
  • Le vert moyen pour l’Aronde, la Frégate et la Grégoire
  • Le bordeaux pour la Grégoire et l’Aronde (et plus rarement sur la 203)
  • Le bleu moyen pour la Frégate et la Vedette
  • Le bleu marine pour la Traction, la 203, la Grégoire et l’Aronde
  • Le beige pour la Grégoire, la Vedette et la Frégate

Hotchkiss Grégoire version motorisée, coloris
bordeaux (aussi utilisé sur l'Aronde et la 203)

 
 
 
 
 
 
 
Mais surtout, d’autres équipements apparaissent comme des remorques avec attelages amovibles, bâchées ou non, et enfin une remorque bétaillère, avec ridelles, contenant un cheval. Et, comme rien ne se perd, ce sont  les surplus des roues type 1C qui équipent toutes les versions de remorques jusqu’à épuisement du stock.
Ford Vedette avec remorque bétaillère, modèle de transition
avec une couleur vive héritée de 53 et équipé de pneus noirs
 
Peugeot 203 commerciale, équipée de pneus gris, avec remorque bâchée
Les six modèles alors existants seront distribués en assortiment dans des boîtes  personnalisées «  Les belles voitures Françaises et leurs remorques ». En parallèle, les séries « week end » perdurent et peuvent, à l’occasion, être mixées avec les nouveaux attelages. Ces associations sont peu courantes et peut-être étaient-elles destinées à des coffrets éphémères dont Minialuxe avait le secret ! 
Les galeries sont maintenant toujours blanches (les noires et les chromées ne sont plus de mises). Enfin, vient s’ajouter une version motorisée, qui elle aussi pourra recevoir (occasionnellement) une galerie mais, à priori, jamais d’attelage. Si l’on additionne toutes les possibilités d’associations, on arrive à un nombre très élevé de variantes potentielles ! Ici, il ne faut pas envisager de collection philatélique, mais, par contre, des surprises sont encore fréquentes tant il a pu exister de combinaisons…

 L'Hotchkiss Grégoire, équipée de pneus noirs, dans une version mixte week-end & remorque et la Citroën 15 six avec remorque bétaillère

Les Simca Arondes, série week-end avec valises et version avec remorque

L'Hotchkiss Grégoire série week-end avec canoë et la Peugeot 203 commerciale série week-end avec valises

Mais revenons un instant sur ces fameux coffrets dont nous n’avons, à ce jour, pas trouvé trace dans la rare documentation d’époque. Ils semblent effectivement avoir été produits pour des commandes spécifiques, sans doute à l’approche des fêtes de fin d’année ? Le coffret « station service » fait parti de ceux là. Il dispose d’un couvercle très joliment illustré et contient deux autos miniatures avec attelages, ainsi qu’une station essence, un pont élévateur, un pompiste et des panneaux routiers (de taille bien supérieure aux futurs panneaux de signalisation produits ultérieurement).
 
Un autre coffret existe sous la forme d’un parking, il est équipé cette fois ci des six autos miniatures alors en production, garées en épis sur un cartonnage imprimé avec marquage au sol et flèches directionnelles. L’ensemble est ceinturé par des plots, habillés d’une corde rouge, qui font penser aux stands des salons de l’auto de l’époque. Dans sa première version de fin 54, c’est un panneau P qui orne le mât de l’ilot central, sur la version ultérieure de 56 il sera remplacé par un poste essence. Ce coffret aura une longue descendance et continuera d’évoluer au fil des années. Nous le retrouverons par exemple au début des années soixante doté de Floride, d’Ami 6 ou d’Ariane (plus d’îlot central mais deux voitures de plus, donc huit à la place de six) puis, dans les années 70, il intégrera le catalogue en tant que parking de luxe ! en son centre trônera alors un agent de la circulation.
 
 Sur ce superbe document (Comptoir général de la Bimbeloterie 1954/55),
différents modèles produits par Minialuxe côtoient une grande partie de
la production de miniatures du moment.  Deux raretés sont à signaler : le
présentoir en carton à l’emblème de la marque (ici en Ford Vedette) et le
petit cartonnage  (toujours avec une Vedette) décrit en détail dans un autre
document : Boîte composition, 17 x 12 cm, 1 auto maquette plast. 10 cm. 
pompe à essence, mécanicien, 2 signaux routiers, 2 pneus. 
 
Les avez-vous en collections ?!
Ces coffrets étaient par essence de simples jouets, destinés aux jeux des bambins et bien peu de collectionneurs avertis ont dû en faire l’acquisition en leur temps. La grande majorité de ceux qui nous sont parvenus, et ce pour toutes marques confondues, étant donc le plus souvent des invendus qui par miracle sont restés, parfois des décennies, sur les étagères d’une arrière boutique attendant patiemment que nous les redécouvrions.
 
Un retour au lettrage MINIA - LUXE en deux mots comme en début de production
 
L'Aronde en roues type 3, bientôt le changement de calandre...
Vers 1955, les roues diffèrent à nouveau (type 3). Elles restent toujours emboîtées sur l’axe mais leur profil change, on pourrait les qualifier de concaves en opposition aux bombées des versions précédentes. Par ailleurs, un nouveau boîtage apparaît comprenant les six voitures de la marque : Les Belles Voitures Françaises « Cette boîte contient une Traction 11cv Citroën, une Vedette Ford, une Simca Aronde, une Frégate Renault, une Commerciale 203 Peugeot et une Hotchkiss ». Et oui, la Traction (au départ une berline 15 six qui avait bénéficié d’une retouche de son moule dès 1954 avec un pare-chocs avant renforcé) se voit maintenant renommée 11cv sans aucun changement apparent… si ce n’est les phares qui vont bientôt rapetisser ?!

Les Traction en roues type 3. La 15 (à droite), et ses phares obus, laisse la place à la 11 (ici motorisée) qui sera désormais équipée de phares de petite dimension.

 
 
 Sur la 203 (comme pour la Traction), le noir et le gris vont devenir la norme pour quelques années avant le retour des couleurs chatoyantes sur les séries économiques aux roues monobloc. Il existe des nuances très marquées de bordeaux sur cette période, à l'instar des premières 203 Dinky-toys du même coloris
 
La Frégate en roues type 3, toujours dénommée Amiral sur les tarifs, alors qu'en 55 la calandre à trois barres n'équipait plus que les modèles Affaire
 
à suivre, les modèles 1956 !
Un article rédigé par Vincent Pirot

 
 
 
Enfin un lecteur, le jeune Eric Mortier nous a fait parvenir des clichés de certains de ses modèles, Remercions le pour ce partage et félicitons le pour la qualité de ses miniatures qui au passage viennent confirmer l'existence jusque-là présumée, du canoë de couleur jaune, et nous apprennent comment ces jolis accessoires étaient attachés à la galerie.


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