J.R.D. / C.I.J. - Les Traction réf 112 & 3/10

 
1953 - Noir c'est noir mais il y a de l'espoir...
A l'automne 1952, l'auto-journal parle en ces termes de la traction : « Exemple de pérennité à peu près unique dans l'industrie automobile, la T.A. Citroën, apparue voici dix-huit ans, connaît toujours les faveurs du public. En France et à l'étranger, de nombreux fervents la préfèrent encore aujourd'hui aux voitures de même catégorie bénéficiant cependant des derniers perfectionnements de la technique moderne. D'où lui vient une vogue si tenace ? Tout simplement de la vérité que reflétait le slogan lancé par son constructeur en 1934 : La voiture qui a quinze ans d'avance. Mais en 1952, la marge des quinze ans est dépassée. Et la vaste diffusion de nouvelles voitures, conséquence du retour à un marché normal, rend chaque jour plus sensible le vieillissement de la « traction » comme on a coutume de la désigner dans le langage courant (ce qui soit dit en passant, est une étonnante consécration de popularité) ». 
 
C'est dans ce contexte, d'une voiture certes vieillissante mais toujours très sollicitée par le public, que J.R.D.
                             
choisit de représenter en 1954 une berline 11 normale. Dotées de ses nouveaux attributs, apparus
1954 - La palette des couleurs s'enrichit

courant 1952, que sont les clignotants sur les panneaux de custode (mai 52), la nouvelle malle ou les pare-chocs droits, elle va, de ce fait, compléter la gamme des Traction miniatures déjà existantes : 11 légères chez Dinky Toys, berlines 15-six chez Minialuxe et familiales 15-six chez Norev. 

Elle porte la référence 112, il s'agit donc du troisième modèle de la nouvelle série des "jouets miniatures" de J.R.D. derrière les 2cv conduite intérieur (réf 110) et fourgonnette (réf 111). Elle mesure 102mm, la longueur hors tout de la vraie étant de 4,63m. Son échelle est donc au 1/45ème, ce qui la fait paraître un peu petite pour une 11 normale mais l'inscrit correctement aux côtés de la 24N de chez Dinky Toys qui est, elle aussi, réduite à une échelle inférieure au 1/43ème . Sa carrosserie est moulée en zamac et elle possède un châssis, en tôle emboutie, dont la marquage sera toujours lisible en creux. Le pare-chocs avant rectiligne, sans crosses mais équipé d’antibrouillards, contraste avec celui de la 24N qui lui est curieusement resté incurvé lors du remaniement du moule !

Les coloris présents chez Citroën au catalogue 54 pour les 11 CV. sont au nombre de quatre : le gris perle, le gris bruyère, le bleu de nuit et le noir. Nous pourrions y rajouter le bleu d’Islande présent sur une photo du dépliant publicitaire d'avril 1954. Les couleurs retenues par J.R.D. en sont très proches, à l’exception du bleu de nuit :
  • Gris clair (rare), gris moyen (rare), gris bleu (avec des nuances) et noir – roues convexes – diffusées chez les revendeurs en boîte de six du même coloris avec un prix de vente de 190frs pièce.
  • Gris bleu et noir – roues concaves – toujours en boîte de six puis en étui individuel de couleur bleu.
    Bien que les 11cv modèle N,  J.R.D.  de première
    génération  se trouvent,  les boîtes revendeurs de
     dans  lesquelles elles étaient  conditionnées par 6
    unités sont assez rares. Un tirage moins important
    que celui de la 24N,  et le fait que cette dernière
    n'a jamais été vendue en boîte individuelle serait
    une explication tout à fait plausible.
  • Noir – roues concaves en boîte individuelle bleue puis jaune.










Fin de production chez J.R.D. avec, pour cet exemplaire,
un prix très élevé de 4,25 frs.
Les roues sont toujours chaussées de pneus blancs. A noter, pour les finitions, des inversions fréquentes, plutôt tardives, sur la touche de rouge du feu arrière qui se retrouve sur la trappe d’essence et vice et versa… voir l’ensemble peint en rouge !

Le catalogue J.R.D. de 1962 est le dernier connu, mais la date de fin de commercialisation des  modèles reste floue. Ce qui est certain, c’est que la
On cite  souvent l’année 1962 pour la fin d’activité
de la marque mais sur cette facture, datant de l’automne
64, la production de JRD semble toujours très active,
en tous cas la traction est toujours très demandée !
Compagnie Industrielle du Jouet en récupère les stocks. Sur les derniers tarifs de la « C.I.J. – Europarc » datant de  1966 et 1967, le nom de J.R.D. figure encore en bonne place ! Et, chose étonnante, la « Traction avant Citroën » y refait son apparition en février 66 comme nouveauté sous la nouvelle référence 3/10.
 
Ce "nouveau" modèle est dans un premier temps produit uniquement en noir  il est équipé des anciennes roues en provenance du stock J.R.D., puis par la suite il est doté de roues C.I.J. en aluminium. Des montages mixtes sont fréquents (roues J.R.D. sur un axe et C.I.J. sur l’autre). Les roues sont chaussées de pneus blancs ou noirs. 
La boîte utilisée est celle du coupé Simca 1000 Bertone, (qui avait rapidement été abandonné en raison de son coût de production), surchargée d’étiquettes rouges "commémoratives" sur lesquelles ont peut lire : Citroën 1935 - 1966 (Sic !). Les premières Traction 7 étaient sorties au printemps 1934, et les 11 Normales seulement en 1935. 1966 est la première année de (re) mise en production de la miniature par C.I.J.. Sur les rabats, un petit papier est collé portant la mention "Citroën 11cv" ainsi que la nouvelle référence 3/10. Les versions C.I.J. sont en outre reconnaissables à l’absence de peinture sur les pare-chocs, et au fait que les feux de position du pied milieu reçoivent une touche de rouge au même titre que la trappe d’essence. Les derniers exemplaires, plus rares,  sont peints en gris clair avec une nuance plus ou moins foncé selon que la peinture a été apposée sur une base brut ou déjà peinte en noir. la plaque minéralogique arrière est, elle, contrairement à la version noire, alors peinte... en noir.

Ces derniers exemplaires sont diffusés en boîte carton, puis après épuisement du stock, en boîte cristal. Cette dernière se compose d’un socle (vert clair ou transparent) et d' un couvercle sur lequel le sigle CIJ apparaît en moulage. Ces boîtages font échos aux boîtes Minialuxe contemporaines diffusées sous la marque PUNCH et destinées aux magasins Prisunic. Auraient-ils fait partie d’une opération commerciale ciblée ?

Enfin, il existe un modèle, provenant de la collection de M. Glikman (dispersée en 1995/96), fini dans un gris clair un peu plus soutenu que les derniers modèles de série. Il est chaussé de roues C.I.J., en plastique chromé, un peu anachroniques. Peut-être s’agit-il  d’un essai de couleurs avant de lancer la production des dernières grises voire d'un montage avec ce que l'ouvrière avait sous la main à ce moment là. Nous ne le saurons sans doute jamais.                                                                                                                                                                                                                                                                    Il est amusant de constater que, presque dix ans après sa fin de production sur les chaines de Javel (la dernière 11 familiale est sortie le 25 juillet 1957), la traction J.R.D. reste toujours disponible dans les magasins de jouets en 1966/67 (Dinky Toys  avait stoppé la diffusion de sa 24N dès janvier 1958). Mais la demande devait être  encore forte pour ce modèle emblématique. D’ailleurs, en 1968, soit seulement  un an après l’arrêt de  la C.I.J., c’est Norev qui à son tour, inscrit la « tant réclamée » 11cv à son catalogue dans sa nouvelle collection moyen-âge. Et, si l’on compare les deux modèles, hormis la différence de matière, la traction avant de C.I.J. fait alors carrément figure d’ancêtre. Mais, d’un côté, nous sommes en présence d’un jouet des années 50 (le moule date de 54 !) et de l’autre nous sommes face à une superbe maquette, d’un réalisme inouï, qui préfigure déjà les modèles spéciaux à venir. C'est sans surprise qu'un certain Jean-Marie Dubray va se servir, entre autres, de ce modèle pour faire ses premières armes pour la marque Modélisme avant de  lancer ses propres fabrications quelques années plus tard…
Un article rédigé par Vincent Pirot

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