En détails : Les Étiquettes Rhodialite

Jospeh Véron arrivant chez Rhodiaceta afin d'y négocier un contrat (allégorie)

Apanage des premières miniatures de Norev, l'étiquette Rhodialite est vraiment un artefact particulier. Elle est le  sujet de discussions enflammées, certains étant prêt à racheter des modèles déjà possédés pour "amélioration", quand d'autres l'arrachent après avoir "sur-payé" la miniature qui en était miraculeusement encore pourvue. À l'instar des étiquettes revendeur sur les 45 tours "Extended Play" des années 60, ou les boîtes des Dinky Toys de la période 1964 1968, elles sont le cauchemar des collectionneurs les plus exigeants... 

Mais revenons un instant sur le pourquoi et le comment de ce petit bout de papier qui sort du pare-brise (ou de la lunette arrière) des Norev fabriquées entre 1953 et 1962.

On sait que Joseph Véron avant de créer la société Norev avait été employé chez Rhodiaceta, entreprise qui passa de la soie à l'acétate au moment du boum de la pétrochimie, et qu'ayant conservé ses entrées dans ces industries de la vallée rhodanienne, il se lancera naturellement avec ses frères Émile et Paul, dans l'injection de matière plastique pour la réalisation de leurs jouets. 

Ensuite rien. Aucune archive n'a malheureusement été conservée, les quelques mètres cubes retrouvés au début des années 2010, n'étant pas valorisable financièrement, ont été vouées à la

déchèterie. De plus, il n'est même pas certain qu'aucune information relative à ce sujet y fût trouvable.

Ce qui suit n'est alors qu'observation, réflexion, et supposition : Le fait que l'utilisation de l'étiquette Rhodialite ce soit étalée sur une durée d'à peu près dix ans ressemble fort à la conséquence d'un contrat entre les jouets de Norev et Rhône-Poulenc, fabricant de la matière première de ces petites autos. Les Véron brothers n'étaient visiblement pas manchots pour ce qui était de la gestion, tant des finances que des contrats, et il y a fort à parier que cette fameuse étiquette Rhodialite fût le résultat d'un arrangement tarifaire conclu de part et d'autre à l'aube de la création de la Simca 9 Aronde en 1953. On pourrait même, en poussant la spéculation, situer cet accord en 1952, car 1962 est la dernière année d'utilisation de l'étiquette réclame sur les miniatures de Norev ; elle disparait dans le courant de cette année avec l'arrivé des pneus à flanc blanc sur les miniatures à "Servo-Direction". Pas de relation de cause a effet mais juste un repère temporel.

Aujourd'hui, une longue observation des jouets en état d'origine permet de dresser la liste ce dessous:

Premier type : De couleur bleu, cette étiquette est simple, imprimée uniquement d'un côté,  on peut y lire les mots "Légèreté - Solidité". elle apparaît donc dès la sortie de la Simca 9 Aronde et disparaît avec la Simca Versailles dont les tout premiers exemplaires en sont pourvus. À priori la Simca Trianon qui ne sort pourtant que très peu de temps après n'en sera jamais équipée. En revanche elle est utilisée pour les modèles avec ou sans moteur à friction jusqu'à la création du deuxième type d'étiquette.

Deuxième type : Encore de couleur bleu et toujours simple, on y lit maintenant "Légèreté - Solidité - Fidélité". elle est utilisée sur les modèles sortis entre mi 1955 soit la Simca Trianon, et janvier 1957, la Dauphine étant la dernière miniature de Norev à en être pourvue. La même étiquette mais de couleur rouge est, elle, utilisée parallèlement pour les modèles "mécaniques".

Troisième type : Elle est toujours de couleur rouge, tant pour les modèles "collection" que les modèles "Mécanique". Cette étiquette se différencie de la précédente par le fait qu'elle est double avec un oeillet. En fait imprimée puis pliée en deux avant d'être fixée à un puits de rivet ou un volant (cf photo de la Simca Océane blanche ci contre). Elle est utilisée de janvier ou février 1957, les premiers modèles qui en sont équipés étant la Ford Vedette Ambulance et la "Traction" Citroën 15-6 Police,  jusqu'à la fin de production courant 1962

Quatrième type : Perpétuellement de couleur rouge, cette étiquette ne comporte pas d'œillet, elle est prévue pour être glissée entre le pavillon et le pare-brise, car depuis la sortie de la DS19, toutes le nouveautés des miniatures de Norev auront un vitrage. Elle apparaît en 1957, la Jaguar 2.4 litre "MK1" n'ayant à priori jamais été équipée d'étiquette bleue.

On peut noter que si jamais une Norev mécanique n'a été équipée d'une étiquette type 2 de couleur bleu,  en revanche on trouve certains exemplaires "collection" pourvus de l'étiquette type 2 de couleur rouge normalement réservée aux versions mécaniques. Ceci s'explique par deux raisons : Dans le cas de modèles fabriqués en 1957/1958, il s'agit soit d'une erreur de montage, soit d'une rupture de stock. Dans le cas de modèles fabriqués en 1959/1960, il s'agit simplement de l'utilisation de la fin de stock des versions mécaniques qui n'étaient plus proposées au catalogue à ce moment.

Enfin vers 1961 on trouve parfois des étiquettes type 3 "glissées" à la place de leurs homologues de type 4, à ce moment là on peut penser que la fin de l'éventuel contrat étant proche, aucun renouvellement d'impression n'est prévu, et que les ouvriers de l'usine mettent ce qu'ils ont sous la main.*

Du point de vue technique, les étiquettes étaient imprimées en typo-offset ce qui explique l'aspect plus ou moins "gaufré" selon les époques d'impression, et que le papier blanc à l'origine à viré au crème ou parfois au brun avec le temps et selon les conditions de stockage du jouet durant plusieurs décennies.

Je tiens la belle photo de la 11cv entrant dans la cour de la Rhodiaceta du collectionneur Koen Beekman, un grand merci à ce grand amateur de Rhodialite !

* Notez que j'utilise le masculin pluriel, mais qu'à priori le personnel de l'usine des Jouets de Norev était essentiellement pour ne pas dire uniquement féminin.

 Un article rédigé par Erwan Pirot

Ps : Deux beaux documents sur le thème de la Rhodialite...

Et dans ce petit livret, on trouve une belle photo :





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire