Essai : CIJ - Renault 4cv réf 3/48 1ère partie

Catalogue salon 46

De la "motte de beurre" au zamak

Nous sommes en 1949 et étonnamment la seule voiture de tourisme présente au catalogue de la Régie Renault cette année là, après l’abandon de la berline Juvaquatre en 1948, est la 4cv.  Et bien que la voiture ait été présentée au public dès le salon de 1946 les premiers exemplaires ne seront diffusés qu’en août 1947. En parallèle Panhard sort sa Dyna X quasiment simultanément, présentation salon 46 et sortie fin 47.

Dans le domaine des miniatures la firme Française C.I.J ( Compagnie Industrielle du Jouet ), qui a déjà fait ses preuves en produisant des « plâtre et farine » et des tôles pour le compte des Jouets Citroën,  possède encore l’exclusivité pour la reproduction en métal des automobiles Renault.

Dès 1934, après l’arrêt de sa collaboration avec Citroën, elle avait introduit les Jouets Renault à son très riche catalogue avec pour 1935 une gamme encore relativement restreinte dans le domaine des automobiles miniatures 1/43ème : Nervasport Monthéry  ( réf 2/5 ) et utilitaires (Les fameux nez de cochons réf 2/6 – 2/7 et 2/9) en « matière plastique » et Grand Sport ( réf 3/1 ) en métal embouti.

Mais au sortir de la deuxième guerre mondiale les matériaux ont évolué et Dinky toys, la grande concurrente, produit déjà ses modèles, voués à une grande diffusion, en zamak.

La C.I.J va réagir en créant à son tour une nouvelle gamme d’autos miniatures réalisées en métal fondu sous-pression. Les toutes premières références à voir le jour vont être respectivement les 3/47 pour la Dyna X et 3/48 pour la 4cv. On peut donc imaginer un travail simultané sur ces deux premiers moules avec le référencement 47 pour l’année de sortie de la Dyna et 48 par défaut pour la 4cv, à moins qu'il ne s'agisse de l'année de mise en chantier du projet ( ? ).

La coutume est de dater la sortie de la Renault à l’année 1949 et de la Panhard en 1950 mais d’après les premières factures à porter la référence 3/48 et datées de 1950, seuls documents factuels en l’absence de catalogue ou de tarif plus anciens, nous serions plutôt sur une sortie dans le courant de l’année 50 pour la 4cv. Par ailleurs il ne faut pas oublier que l’avant de la Dyna x fut remaniée pour le salon 49 ( année modèle 50 ) et que très certainement, à Briare, le ou les concepteur(s) de la  « petite » Panhard ont dû revoir leur copie in extremis, d’où peut être une sortie des deux modèles légèrement décalée ? ( Pour information la version  en tôle par la C.I.J de la Dyna au 1/20ème ( Réf 5/47 ) possède, elle, la première calandre ).

La 4cv portera donc à ses débuts la réf 3/48 avec un prix de vente unitaire de 67 frs (tous les prix mentionnés sont issus de tarifs professionnels ou de factures, ce ne sont donc pas les prix de vente au public). Puis en 1952, à l’arrivée des pneus, CIJ fera, sur son nouveau tarif,  le distinguo entre la 3/48M (dotée de roues en Métal) et la 3/48 équipée de pneumatiques. Enfin, en 1953, CIJ enfoncera le clou avec la création d’une Réf 3/48C ( C comme caoutchouc ? ) pour les modèles munis de pneus.

Une version mécanique viendra étoffer la gamme, elle apparaîtra en 1951 et portera quant à elle la seule réf 4/48 ayant toujours été chaussée de pneus. A noter pour 51 un prix de vente des versions motorisées quasiment au double des versions en roues métal ! ( 168 frs contre 85 frs ). En 53 les prix de vente professionnels sont de 140 frs pour la 3/48M, de 165 frs pour la 3/48C et 285frs pour la 4/48 ! Le prix élevé de cette dernière pourrait expliquer aujourd’hui la relative rareté de ces versions et le fait qu’elles n’aient pas perduré.

La conception de la miniature est originale et fonctionnelle : une caisse en zamak et une absence de rivetage pour le châssis réalisé en tôle avec, pour le maintenir à la carrosserie, un simple pincement  aux extrémités faisant, de plus office de pare-chocs. Sur quelques rares modèles ont peut trouver le marquage « made in France » en emboutissage ( première série ? modèles export ? ), sinon le châssis reste vierge de toute référence. Les versions mécaniques bénéficient d’un châssis personnalisé doté d’une petite roulette directionnelle placée à l’avant des premiers modèles; un peu disgracieuse ( mais il s’agit d'un jouet ); elle  disparaîtra par la suite. Les chromes de la calandre, à six barrettes bien entendu, des phares, du capot avant et des portières sont appliqués au pochoir.

À noter une quasi absence de concurrence sur ce modèle si ce n’est la rarissime et éphémère version réalisée en aluminium attribuée à Gulliver.

Au final quatre variantes sont à différencier en fonction de leur roues :

Type 1) Roues en métal brut non peintes avec la reproduction des cinq écrous des roues étoile (De 50 jusqu’à priori 53, il est à noter un bon de commande datant du printemps 54 portant encore la référence 3/48M !).

Type 2) Roues en aluminium chaussées de joints noirs en guise de pneus ! (52/53) produites simultanément avec la version 1.

Type 3)  Roues en métal chaussées de pneus blancs (53/54).

Type 4) Roues en plastique de couleur rouge (De la même couleur que les premières 4cv sorties à l’échelle 1) chaussées là aussi de pneus blancs (54/55), ceux-ci, à l'instar des Norev, sont injectés directement sur les jantes.

Les versions mécaniques n’existeront qu’avec les deux types de roues intermédiaires de 1951 à 1954. A noter que quelques modèles du deuxième type se verront dotés de châssis peints en noir et ceux du troisième type bénéficieront à l’occasion du stock des châssis de mécaniques.  

Le conditionnement se fera en tout début de production en d’éphémères boîtes de 12 (comme les Grand Sport avant guerre) puis, à partir de 53, en boîtes de 6, et ce pour les deux premiers types de roues, donc pas d’étui individuel sur les deux premiers modèles. Puis, elle recevra pour les deux dernières variantes une petite boîte très joliment illustrée.

Enfin, il faut mentionner un rare promotionnel,  le modèle « CINZANO » et son merveilleux jeu de pochoirs aux couleurs emblématiques de la marque d’apéritif, soit bleu, blanc et rouge. Le modèle est réalisé sur la base du premier type donc équipé de roues métal mais avec la spécificité d’avoir un châssis peint en noir. Pas de jeux ni de bons à glaner pour obtenir cette miniature, il fallait être là au bon endroit et au bon moment, lors du passage de la caravane du tour de France cycliste, pour attraper en plein vol ce jouet aujourd’hui tant convoité ! Un deuxième promotionnel, ( qui ne serait connu qu’à un seul exemplaire ?! ) porte à questionnement quant à son authenticité… il s’agit de la version « Chocolat KEMMEL » utilisée à la même époque sur les 4cv et Dyna en tôle au 1/20ème, ainsi que la Frégate au 1/48ème. Un simple pochoir décore le toit de la miniature, la version retenue étant cette fois du type 2 équipée de roues alu chaussées de pneus noirs à section carré.

En ce qui concerne les couleurs, il est très difficile d'être exhaustif, tant il y a eu de coloris proposés, certains sur un laps de temps très limité comme ce  fameux coloris sable, faisant référence à celui utilisé à l’échelle 1 sur les modèles d’avant série, ainsi que sur les premières sorties de 1948. Il s'agirait d'un stock de peinture de l’Afrika Korps récupéré au titre de dommage de guerre ( ?) et qui lui vaudra, à sa sortie, le surnom de « motte de beurre » ! Ce coloris est considéré comme le plus rare. Néanmoins le noir, également couleur de début de série à Billancourt, l'est peut-être plus ? On peut donc citer en fonction des variantes de roues :

Type 1) : sable (rare), noir (rare), violet (rare), bleu de France (rare), bleu foncé, bleu clair (variantes), vert clair (variantes), gris moyen, bleu/vert, rouge (variantes).



Type 2) : bleu foncé, gris moyen, gris foncé, gris anthracite, rouge, bleu/vert et souvent sur châssis noir des couleurs issues des mécaniques dont le bleu clair et le vert clair.

Type 3) : bleu foncé, gris foncé, gris moyen, gris vert, bleu/vert.

Type 4) : bleu foncé, gris moyen, bleu/vert et de nouvelles couleurs qui seront reprises sur les premiers exemplaires du nouveau moule (4cv 1954 à trois barres) soit le gris/bleu, le beige, le vert moyen et le retour du noir !


Et pour les mécaniques :

Type 2) bleu foncé, gris moyen, gris foncé, gris vert foncé, rouge, bleu clair et vert clair.

Type 3) bleu foncé, gris moyen, gris foncé.

 
Les couleurs sont dans leur grande majorité réalistes, un peu tristes dans leur ensemble pour des jouets d’enfants, mais, somme toute, très proches du nuancier Renault. Elles s’égailleront sur la fin de production du modèle suivant; la nouvelle 4cv à trois barres qui fera son apparition au salon 1953 (année modèle 54) et que la C.I.J introduira, bien entendu, à son nouveau catalogue…

(À suivre)

 Un article rédigé par Vincent Pirot

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