Chronique : Norev - La Mysterieuse Série M

Non, nous n'allons pas parler d'Edgar Pierre Jacobs, de Blake & Mortimer, bien que l'aide de ces deux fins limiers aurait pu nous être utile pour illuminer certaines parts d'ombre dans l'histoire de la Série 600, plus connue sous le nom de série "M". Fabriquée par Norev durant une année, elle a souvent été considérée à tort comme le galop d'essai des Jet-Car. En fait l'histoire est autre, et si une des seules certitudes est qu'elle associe les Cométal et les Jet-Car sans ouvrants, chronologiquement il semblerait que ce sont des modèles de la série 700 "N" qui ont servi de test puisque c'est dans cette série uniquement que l'on trouve des coloris non conventionnels et surtout des exemplaires dont le châssis n'indique pas le nom de la série : Jet-Car.
 
Toute la série M sous la dénomination Cométal
En l'absence de catalogue Norev pour les années 1970 et 71, il est difficile aujourd'hui de savoir quand ont été créée ces deux lignes réunies dans la Série "M". Les Cométal, arrivent après les Jet-Car, ceci est corroboré par le fait que les premières références, de 601 à 607 sont toutes des Jet-Car dont les cartes "blister" ont été imprimées en mai 1971, et surtout que sur le bon de commande de début 1972, les Cométal sont indiquées "à paraître" quand les Jet-Car sont déjà disponibles.

Carte blister pour la Fiat 1100D jamais commercialisée
Alors pourquoi cette curieuse ligne Cométal n'apportant finalement pas grand chose par rapport à la série plastique classique, et engendrant des coûts de conception supplémentaires ? La seule explication logique serait que suite à la casse d'au moins deux moules lors du passage de la Rhodialite au zamak, Norev ait voulu faire machine arrière tout en restant sur une pseudo amélioration aux yeux des jeunes consommateurs : Les nouveaux axes et roues "rapides" associés au nouveau châssis spécialement créé en zamak (donc plus lourd), pour offrir un meilleur roulement.

Ce qui nous trompe aujourd'hui, c'est de croire en une logique de Série avec une recherche d'homogénéité alors qu'en fait les lettres n'avait pour Norev qu'une valeur de tarification selon le nombre d'ouvrants. En fait la Série "M" réunit des Jet-Car et des Cométal en raison de leur prix commun. L'histoire peut s'écrire comme suit : En milieu d'année 1971, sortie des Jet-Car de la série 600, en même temps que d'autres des Série "N" et "P" (moins celles dont les moules ont cassés). Suite au bilan, création de la série Cométal pour l'année 1972, puis retrait des deux séries certainement rapidement dans l'année 1973 avec un resserrage autour des série "N" et surtout "P", que l'on peut aisément expliquer par le manque d'intérêt commercial pour des modèles déjà démodés, et peut-être par l'arrivée du choc pétrolier qui va avoir des conséquences très importantes sur toute l'industrie mondiale.

En raison de leur très courte durée de vie, on peut raisonnablement penser que, les Cométal n'apportant finalement rien de plus au catalogue Norev du fait de leur système de fabrication, et ne pouvant qu'occasionner des coûts de fabrication supplémentaires, il a tout de suite été décidé de les abandonner. Elles apparaissent au catalogue professionnel 1972 mais disparaissent sans tambours ni trompettes l'année d'après. Elles ne feront d'ailleurs l'objet d'aucune publicité, (le seul artefact existant étant une sur-boîte revendeur de 12 unités), et elles ne sont curieusement même pas mentionnées sur la couverture du catalogue 1972 alors que les Jet-Car le sont, elles.

1970 semble voir été une année de recherche d'innovation pour Norev, la concurrence est rude, le premier choc pétrolier n'est pas encore arrivé et nous sommes toujours dans une période où la quête  de qualité est encore bien placée au cahier des charges des fabricants de jouets miniatures.

Toute la charte graphique est remise au goût du jour, de nouveaux sigles plus dans l'air du temps sont créés, on passe de la boîte "cloche" en Rhodialine à celle dite "oreilles", premièrement en les faisant imprimer au format des modèles, puis rapidement en les mettant toutes au même format, celui pouvant accueillir les automobiles les plus grandes, quitte à créer une cale en carton amovible, enfin, le petit Jimmy est créé. La boîte de la Série Cométal arrive après, en 1972, et curieusement elle reprend le logo Norev des années soixante aux dépends de celui visible sue le sachet en papier illustré ci contre. Pourtant un prototype de boîte exécuté à la gouache sur la base d'une boîte "bande bleue" de DS21, nous apprend que la Série aurait pu s'appeler "les Métallit de Norev". Sur ce projet on voit bien la mention "Speed Run", le logo Norev "1971" et le dessin du célèbre Jimmy dans sa caisse à savon. L'ensemble, si il n'est qu'une gouache rapide d'un artiste à la main sure, faite pour prendre une décision en réunion, montre que l'idée générale est déjà bien en place et que finalement Cométal était un nom bien plus attirant.




Tarif 1972, les Cométal sont à paraître
Prémisses d'une rationalisation à venir, Norev passe petit à petit aux "roues rapides" sur axes "aiguilles", mais il faut néanmoins rappeler que la marque avait depuis toujours adapté quelques types de roues à l'ensemble de sa production. La Série "M" connaîtra uniquement le premier type de roues appelées "Speed Run" qui ressemblent aux roues proposées par Norev depuis la sortie de la Simca Chambord en 1958, ainsi que des roues "à toques", et ce de manière aléatoire, mais jamais celles à insert (type 9) et encore moins les fameuses Roues "Bouton" (type 10).

Ce qui frappe tout d'abord, c'est le choix des modèles de cette série, ils sont tous un peu datés, à raison puisqu'il s'agit de moules pour des voitures sans ouvrants créés au début des années soixante. Il est tout à fait probable que le choix s'est porté sur ces modèles afin de tester la résistance des moules, car même si il faut moins de pression pour injecter du zamak que du plastique qu'il est possible d'élever à plus basse température, et qu'en toute logique les moules auraient dû aisément résister à l'injection de ce nouveau matériaux, il semble que certains ont cassés et que plusieurs projets ont été abandonnés par crainte d'autres casses.

 
Les modèles de la série "M" sont :
 
601 (Jet-Car) : Matra Formule 1 - Livrée en boîte Cométal, mais en carte "blister" Jet-Car les derniers exemplaires commercialisés le seront en boîte oreilles générique Jet-Car. Bien que souvent ce modèle a pu être considéré comme une Cométal, il est entièrement fabriquée en zamak et son châssis ou partie inférieure, indique bien la mention Jet-Car. Sortie à l'été 1971

602 (Jet-Car) : Fiat 1100D - Aucun exemplaire ne nous est parvenu, pourtant un tirage de presque 7500 cartes "blister" a été imprimé, et prouve que le processus de commercialisation était bien avancé. Ces cartes auront été reconditionnées grâce à une étiquette autocollante pour d'autres modèles. Quant à la Fiat 1100D, sa "jet-carisation" semble avoir été fatale à son moule, elle ne ressortira plus jamais chez Norev ni même sous la marque Eligor grande consommatrice de moules Norev dans les années 70/80.
 
603 (Jet-Car) : DKW Junior - Reprise du moule du début des années soixante qui a bien résisté au passage du plastique au zamak, c'est un très joli modèle, vendu à l'époque en boîte et en carte Blister Jet-Car, mais se trouve le plus souvent dans une boîte Cométal dont la gamme rapidement abandonnée a laissé un important stock de boîte à écouler




604 (Jet-Car) : Volkswagen 1500 - Ses spécificités sont identiques à la DKW Junior
 
 
605 ( Jet-Car ) : Ford Anglia - Tout porte à croire que c'est sous la bannière des Jet-Car que la petite anglaise aurait dû sortir, malheureusement il n'en sera rien, ou le moule à cassé tout de suite, ou le projet a été abandonné tout aussi vite, la seule trace de ce modèle est son indication au dos des cartes "blister" des autre modèles de la série imprimées en mai 1971

606 (Jet-Car) : Simca 1500 - Peut être le modèle qui a le mieux marché de la série, effectivement c'est à priori le seul à avoir été vendu en plus des boîtes Cométal et Jet-Car, dans deux types différents de carte "blister". Sortie à l'été 1971

 

 
607 (Jet-Car) : Fiat 1500 - Elle fut conditionnée comme les références 603 et 604, néanmoins il s'agit du modèle le plus difficiles de la série. A-t-il été le premier retiré du catalogue, le moule a-t-il cassé à un certain moment ? Même constatation que pour la Fiat 1100D quant à une quelconque résurgence du modèle dans les années 80. Visiblement Norev a eu du soucis avec les Fiat a cette époque, que ce soit la 1100D, la 1500 ou la 124, ces trois modèles ont une histoire compliquée avec la marque de Villeurbanne.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Deux exemplaires de la Fiat 1500, montrant les deux types de roues "Speed Run" de première génération
 
608 (Jet-Car) : Ce modèle n'étant mentionné nulle part, il est impossible de savoir de nos jours qu'elle en aurait été la nature
 
609 (Cométal) : Citroën 2CV Commerciale - Livrée uniquement en boîte Cométal
 
610 (Cométal) : Renault 4L Berline - Livrée uniquement en boîte Cométal
 
611 ( ? ) : Citroën Ami 6 - Malgré un essai en version "peinte", ni Cométal ni Jet-Car ne sortiront finalement pour l'automobile de tante Yvonne. On ne saura jamais si l'abandon du projet venait de la crainte d'abîmer le moule avec une version Jet-Car, ou d'un recul devant les frais de la refonte du châssis pour une version Cométal, mais tout port à croire que c'était sous le nom de cette dernière série que ce modèle était prévu

612 (Cométal) : Citroën 2CV AZ Luxe - Livrée uniquement en boîte Cométal
 
 613 (Cométal) :  Volkswagen 1300 - Livrée uniquement en boîte Cométal
 



 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
614 ( ? ) : Peugeot 404 Berline - Idem Référence 611

615 ( ? ) : Peugeot 404 Familiale - Idem Référence 611
 
616 ( ? ) : Citroën Ami 6 Break - Idem Référence 611, mais notons au passage que le break ami 6 comme la 404 familiale présente un ouvrant

Au regard de cette liste on se rend bien compte de la tentative de remplacement des Jet-Car par les Cométal au sein de la Série "M", les boîte Jet-Car utilisées pour la vente des quelques modèles "Métal" sont du type "générique", le nom du modèle n'est pas imprimé sur les faces de la boîte comme c'est le cas des premières boîtes de la Série 700 "N". La référence est indiquée par une petite vignette autocollante apposée sur un des ouvrants de la boîte. Les boîtes "génériques" Jet-Car ont été utilisés plus généralement pour des modèles de la série 800 "P" plus prestigieuse, et la Série "M" elle, récupère la tâche d'épuiser le stock de boîtes Cométal devenu inutile suite à l'abandon de cette gamme.

Les coloris de la série "M" sont tributaires du matériau de base, ceux des "métal" sont variés quand ceux des "plastique" sont restreints.

Pour les Jet-Car, à priori tous les coloris de base ont été utilisés, on retrouve : bleu clair métallisé, bleu foncé métallisé, Rouge grenat métallisé, or métallisé, bronze rosé métallisé, rouge, bleu, et ivoire "mastic". Selon le jour de mise en peinture, on trouve souvent des variations de teinte sur une même couleur. Certains modèles se trouvent dans toutes les couleurs, d'autres non, ou pas encore. Amis lecteurs n'hésitez pas à nous faire parvenir toute information que vous auriez à apporter !

Trois Jet-Car revenues du Japon après un long séjour
Pour les Cométal, c'est plus simple, il y a deux coloris par modèle sauf pour la Coccinelle, la courte durée de production n'a pas permis de multiplier les teintes. La 2CV Commerciale est jaune, ou bordeaux en version "Canard-Duchêne" ; la 4L est marron ou verte, la 2CV AZL est rouge ou bleu et la Coccinelle est vert, crème ou Rouge-orangé.
 
Pour finir, il ne faut pas oublier de mentionner les fameuses "boîtes japonaises", Norev décida pour ses premiers envois de Jet-Car vers le Japon de les conditionner dans deux types de boîtes de récupération, à savoir celle de la Fiat 2300 Baby pour les modèles longs et de l'Alfa Romeo Giulietta (impression de 1967), pour les plus courts. Au delà du simple principe de recyclage fortement en vigueur chez Norev, il faut certainement prendre en compte la possibilité de mettre plus de miniatures dans un carton, qu'avec les boîtes oreilles d'origine. Un gain de place certainement bienvenu pour un envoi probablement onéreux à l'époque.

Un article rédigé par Erwan Pirot
Toutes photos La Route Enchantée

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