Chronique : JEP - La série MINIA-JEP

À l'instar de GéGé, JEP, fabricant généraliste de jouets tentera une incursion dans le monde de la miniature au 1/43ème. Et si l'ambition et un peu moindre qu'à Montbrison, les cinq automobiles produites sont assez réussies et très attachantes. Tout comme GéGé, la carrosserie est injectée dans une matière plastique sujette à la déformation, mais aussi à une curieuse réaction chimique : la voiture se couvrant d'une pellicule blanchâtre, peut être en cas conservation dans un milieu humide. Le châssis lui, est en "métal injecté", en l'occurrence du zamak qui si il peut s'oxyder et perdre sa brillance initiale, ne se déforme pas pour autant.

Pour JEP, au delà du simple fait de se lancer dans une bataille contre la concurrence déjà en place, il y a aussi l'idée d'agrémenter les réseaux ferroviaires qui ont fait la renommée de la marque depuis le début des années trente. Il est dommage de constater que cette incursion ne soit pas arrivée plus tôt, mais dans l'entre deux guerres, les reproductions automobiles de petite taille ne sont pas encore considérées comme des jouets "nobles", et à part les quelques réalisations d'Autajon et Roustan pour Peugeot, l'ensemble proposé sur le marché est assez naïf et ne déchaîne pas les passions d'autres générations que celle des enfants. Ceci peut aussi s'expliquer par une question de style. Jusqu'à l'arrivée de la Traction 7cv Citroën, les carrosseries ne se détachent pas spécialement les unes des autres. Il faut attendre la généralisation des carrosseries "tout acier" embouties, pour que des lignes propres à chaque constructeur se généralisent. Et à part pour Citroën et Peugeot, c'est surtout dans les années cinquante et soixante que des identités stylistique fortes vont se dégager. Prenons les cinq automobiles présentées par JEP. Cinq voitures, cinq marques différentes, cinq identités fortes et indépendantes les unes des autres.

Le jeune de l'époque ou l'amateur un tantinet éclairé d'aujourd'hui, reconnaîtra au premier coup d'œil les cinq automobiles de la gamme Minia-Jep... Bien que de nos jours, seule la DS19 peut encore parler au plus grand nombre.
JEP va baser sa communication sur la qualité de réalisation. L'unité d'échelle de la série est au 1/45e soit l'échelle O des réseaux ferroviaires fabriqués par la même marque, mais aussi sur un détail amusant, longtemps oublié, mais qui pourrait reprendre de son sens de nos jours où le "Made in France" lave plus blanc, l'accroche : "Jouet de luxe 100% français" ! (Dinky Toys, maison d'origine britannique, est clairement fustigée comme envahisseur Anglois qu'il conviendrait de bouter hors du royaume de France, mais peut-être nous égarons nous quelque peu, reprenons...), tout comme elle était celle de Solido dans les années trente, époque où cette dernière marque s'enorgueillissait d'une production toute aussi française.
 
Il est impossible de savoir de nos jours comment s'est passé la gestation de cette série, JEP ayant cessé ses activités en 1965, et le collectionneurs de la marque ayant toujours été plus portés sur les trains que sur cette petite série d'automobiles, nous en sommes, comme bien souvent, réduits aux constatations suivies des suppositions qui en découlent.
Néanmoins, les Dyna et 403 sont les premières automobiles mises sur le marché début 1956, rejointes en fin d'année par la Versailles et la DS puis en 1957 par la Dauphine. Dès le départ, JEP mise sur un côté haut de gamme, l'accent est mis sur la présentation dans une "splendide boîte en carton imprimé qui, une fois déplié, représente une construction ou un paysage de choix formant présentoir", et les tarifs sont à l'avenant ; à leur sorties les Dyna et 403 sont proposées à 350fr et les Versailles et DS19 à 380fr. l'année suivante certainement du fait de la crise du canal de Suez, elles passent même respectivement à 370fr et 400fr soit une augmentation de 20fr. La Dauphine elle sort à 310fr la boîte simplifiée faisant probablement baisser le tarif.
 
Rappelons qu'une DS19 Norev au même moment coûte 220fr et qu'une Dauphine de cette même marque la somme de 175fr. JEP se rapproche donc des tarifs des modèles en zamak, ce qui pour une production en plastique, même de qualité aura certainement eu du mal à être accepté par les enfants à l'époque.
En 1959 le "tir est corrigé" et le prix des modèles est ramené à 275fr sauf pour la Dauphine dont le tarif baisse à 225fr.
Au dernier tarif indiquant cette série en 1962, le prix de tous les modèles a encore baissé. On trouve maintenant les Minia-Jep à 1,80fr (anciennement 180fr), sauf pour la DS19 qui n'est plus au catalogue. On peut aisément imaginer qu'il s'agit plus maintenant d'en finir avec le stock des ces miniatures devenues obsolètes qu'autre chose. La concurrence a été plus forte, Norev, comme Dinky Toys, propose des intérieurs, des vitres, des suspensions voire des roues directionnelles, et quant à Solido, la firme a lancé la Lancia Flaminia aux portières ouvrantes, prenant une avance fatale sur tous les autres fabricants dans "guerre du détails" qui va faire rage tout au long de la décennie.


Dyna 403 Versailles DS19 Dauphine
1956 350 fr 350 fr NS NS NS
1956/57 350 fr 350 fr 380 fr 380 fr NS
1957/58 370 fr 370 fr 400 fr 400 fr 310 fr
1958 345 fr 345 fr 375 fr 375 fr 295 fr
1959 275 fr 275 fr 275 fr 275 fr 225 fr
1960/61 ? ? ? ? ?
1962 1,80 fr 1,80 fr 1,80 fr Fin 1,80 fr


D'un point de vue technique, la réalisation est intelligente et  inventive : Un châssis en zamak offrant un point de vue généralement réservé à ceux qui possèdent une fosse ou un pont élévateur, soit une très belle reproduction du châssis et des organes visibles. De plus des pare-choc avant et arrière, des sièges peints, toujours de couleur rouge, sont intégrés au dit châssis. La carrosserie quant à elle, est moulée en matière plastique et le châssis est simplement emboîtée par l'utilisation de deux cheminées. Il est d'ailleurs assez facile de démonter une Minia-Jep, il suffit de maintenir les roues d'une main et de tirer sur la carrosserie de l'autre. À l'origine le vitrage devait être lui aussi emboîté mais du fait d'une rétractation parfois assez forte du plastique transparent utilisé à l'époque, il a tendance à bouger, voire dans les cas les plus désespérés, à tomber, laissant voir un espace entre ce dernier et le pavillon de l'automobile.
En définitive il n'aurait manqué, à l'époque,  qu'un volant pour avoir un jouet parfait.
 
Réclame dans le Journal Tintin édition française Octobre 1956
Si la Dyna et la Dauphine sont très réussies, les Versailles et DS19 sont un petit peu "en dessous", et la 403 se voit affublée d'un capot particulièrement long apte à recevoir un six cylindres en ligne ! Toutefois, ces cinq miniatures sont très agréables à regarder et leurs petits défauts ne font que ressortir le charme du "jouet".

Les roues sur fabriquées sous le même principe que celles des Norev, le pneu, toujours blanc,  est moulé directement sur la jante. Les jantes quant à elles, sont d'abord en plastique gris, gris-bleu ou gris-vert, parfois associées à la carrosserie pour la grande joie des esthètes, puis en zamak laissé brut.

Enfin les boîtes sont traitées luxueusement, avec un étonnant système de pliage et de rabats, ett sont souvent considérées par les collectionneurs, comme les plus belles de la production française des années cinquante. En effet, les quatre première offrent la possibilité d'un superbe petit diorama personnalisé pour chaque automobile. Ceci semble d'ailleurs indiquer, comme corroboré par la réclame ci-dessus, que les quatre premières références si elles ne sont peut-être pas sorties au même moment, ont au moins été conçues en même temps. La dernière référence, la Dauphine ne bénéficiera jamais d'un bel étui diorama, mais sortira dans une boîte classique, proche de celles de la concurrence, à savoir illustrée sur un sempiternel fond jaune.

Il y a assez peu de couleurs, et de très légères variantes de teinte, le collectionneur devra néanmoins faire attention aux modèles trop exposés à la lumière car la matière plastique est aussi sujette à la décoloration. Vous trouverez ci dessous les coloris constatés, toutes autres informations seront les bienvenues. Une note pour la DS19 : Il n a toujours pas été à ce jour, possible de déterminer si les versions unicolores étaient entièrement d'origines ou non. Le système de fabrication offrant la possibilité de permuter le pavillon avec un autre exemplaire, on peut avoir donc cinq variante au lieu de trois seulement.


Ref n° 1611 : Panhard Dyna Z 1956 
  • Bleu nuit
  • Gris clair
  • Gris-vert
 
 
Ref n° 1612 : Peugeot 403
  • Gris clair
  • Gris-bleu
  • Bleu clair (coloris moins commun)


Ref n° 1613 : Simca Versailles
  • Jaune toit noir
  • Gris-vert toit blanc
  • Gris-bleu toit blanc (coloris moins commun)
  • Gris clair toit blanc (coloris moins commun)


Ref n° 1614 : Citroën DS19
  • Crème toit noir
  • Noir toit crème
  • Noir toit gris


Ref n° 1615 : Renault Dauphine
  • Bleu nuit
  • Jaune crème
 
Si vous avez un coloris à ajouter à cette liste, n'hésitez pas à nous contacter




Le très beau catalogue 1960 dont la couverture est due au talent du célèbre Alexis Kow

Un grand merci à Joël du site internet train-jouet.com pour sa réactivité et le partage de certains documents sans lesquels cet article n'aurait été aussi complet. 

Un article rédigé par Erwan Pirot

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